L’Histoire d’Amber Labdanum

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Jo Malone London est une maison profondément britannique, chaque fragrance évoquant avec délicatesse le savoir-faire, l’éclectisme et les ingrédients d’exception qui font la renommée du pays. « Mais de temps en temps, confie Céline Roux, Directrice Monde de la Création Olfactive chez Jo Malone London, nous nous offrons une escapade. » De ces voyages naît Cologne Intense : une collection inspirée par des matières précieuses et des récits venus des quatre coins du monde. Une aventure qui a mené la maison des forêts japonaises aux montagnes hawaïennes, jusqu’aux déserts de Namibie. Cette fois pourtant, le voyage débute dans le sud de l’Espagne.

Le labdanum est une résine issue des arbustes Cistus ladanifer et Cistus creticus, également appelés cistes, originaires du bassin méditerranéen. Ils prospèrent sur des terrains secs et rocailleux, d’où leur surnom de « résine des roches ». Peu connu du grand public, le labdanum possède pourtant une histoire millénaire. Dans l’Égypte ancienne, il était sacré et entrait dans la composition d’encens brûlés dans les temples. Au Moyen Âge, on le retrouvait dans les parfums et les remèdes. Aujourd’hui encore, sa chaleur ambrée, douce et miellée, parfois cuirée, est très recherchée : il confère profondeur, chaleur et tenue aux fragrances. « La plante, explique Céline, crée cette résine sur ses feuilles pour se protéger du soleil, afin d’éviter qu’elles ne brûlent. » Son souvenir de l’Andalousie reste vivant : l’odeur du paysage, les arbres chargés d’oranges – emblèmes de la région –, la chaleur écrasante. « Il faisait largement plus de 30 °C ; le ciel bleu contrastait avec le vert sombre des plantes et l’air sentait la résine. » Mais choisir le bon labdanum n’a pas été simple.

« Nous avons passé du temps avec le producteur pour comprendre la plante, sa culture, sa transformation. Il nous a fait sentir une extraction très appréciée, un peu plus vive, avec un caractère plus encens. C’était beau… mais ce n’était pas celui-là. L’odeur différait trop de celle que j’avais respirée le matin même. » Pour trouver la version idéale d’Amber Labdanum, Céline et Yann en ont évalué plus d’une dizaine. « Et bien sûr, celui qui m’a séduite – résineux mais plus chaud, plus rond, plus ambré – était aussi le plus coûteux », raconte Céline en souriant. Une exigence dont elle ne s’excuse pas : « J’ai dit à Yann : C’est celui que je veux. » Associé à la sensualité de l’ambre, à la douceur de la vanille, à la profondeur du chêne torréfié et à la fraîcheur inattendue de l’orange amère andalouse, il donne naissance à une fragrance riche, évocatrice, résineuse : la preuve qu’attendre le bon ingrédient en valait la peine. « Je l’adore », confie Céline sans détour.